Blog > Portraits - Les septimontains > Rencontre avec Martin Girat, propriétaire de la cave à vin “Le nez en l’air” à Samoëns
Étonnant cabinet de curiosités, la cave à vins du sommelier Martin Girat, « le Nez en l’air », éveille les sens et le désir d’en savoir plus sur le maître des lieux. Quant œnologie rime avec magie, que la dive bouteille trouve un amateur éclairé pour parler d’elle, le vin n’engendre pas la mélancolie.
Lorsqu’il s’absente de sa cave, Martin Girat laisse à l’extérieur des mots d’humour qui font sourire les passants. Lorsqu’il est présent, ce sont ses maximes griffonnées à la craie blanche sur des bouts d’ardoise qui produisent le même effet : « Le Pommard m’a tué », « Désolé ici on ne boit que du bon même mon vin de Savoie est bon, c’est vous dire », « Préférez le vin d’ici à l’au-delà » … Le regard s’arrête sur les photos des scènes mythiques des « Tontons flingueurs » dont les répliques d’Audiard nouent le dialogue de façon sympathique ! Ici aucun danger que l’on « se risque sur du bizarre » !
Martin enrichit les étagères du « Nez en l’air » avec un certain pragmatisme. Chacun de ses coups de cœur construit sa cave autour d’une curiosité sélective du vignoble français, avec une prédilection pour la région qu’il défend « bec et ongle » et une recherche systématique de vins « propres », qui « respectent le vivant », en minimisant au maximum toutes interventions chimiques superflues dans leur élaboration, du sol à la vinification.
« La feuille de vigne » au nom évocateur est la première cave créée à Samoëns. Il s’agit de se distinguer de son confrère Jean-Paul avec lequel il entretient des très bonnes relations en cultivant une vraie complémentarité.
Avant l’œnologie, le parcours de Martin resté fidèle à son village d’enfance, suit des chemins de traverse. Après un BTS de tourisme, une licence de géographie et quelques cours à l’Ecole du Louvre, c’est à l’Office du Tourisme de Samoëns qu’il trouve son premier emploi. Ses mandats actuels valorisent aussi son expertise dans ce domaine essentiel. Élu délégué au tourisme à la commune de Morillon, il occupe parallèlement le poste de vice-président de la communauté de communes en étant en charge de la promotion du tourisme. Pour Martin, père de trois enfants : « Il faut garder cette conviction que l’on peut changer les choses ! »
Ouvrir sa cave « Le Nez en l’air » à Samoëns, concrétise un rêve. À trente ans, Lorsqu’il s’interroge sur une reconversion possible, sa passion sous-jacente pour les métiers de bouche s’impose. Un ami de son père vigneron lui a fait découvrir le métier, il connait la richesse des vignobles de la région et l’intérêt suscité par ce « fabuleux parcours du fruit à la bouteille qui crée autant de plaisir », l’attire. Les dés sont jetés.
Il retourne à l’école en 2010 et décroche son diplôme à l’Université du vin de Suze-la-Rousse.
La curiosité et l’humilité, restent pour Martin, indissociables de ses métiers de caviste et sommelier dont il décline avec un égal bonheur les activités : de la dégustation au conseil en passant par la formation.
« Le Nez en l’air » devenu parfois l’annexe de l’Office du tourisme pour renseigner les vacanciers, est aussi celle de sa maison familiale avec sa collection de disques vinyles, son jeu de fléchettes, la réplique exacte du pull serpillière et du tableau naïf du film « Le Père Noël est une ordure », une accumulation d’anciennes pubs hilarantes… L’ordre règne malgré tout, comme la bonne humeur communicative de Martin. Cet épicurien apprécie aussi l’envers du décor : manger, rire et partager avec des vignerons des moments festifs lorsque l’activité saisonnière de Samoëns autorise quelques escapades loin du Criou.
Après, ce qui est sympa à Samoëns c’est tout ce passé encore assez présent d’artisanat, de tailleurs de pierre etc. C’est encore ancré et avec l’évolution du village qui galope un petit peu en ce moment c’est bien de se rattacher à ses traditions séculaires et savoir-faire qu’on avait par le passé.