Blog > Les septimontains > Rencontre avec Christian Chauplannaz
Par où commencer ? Par canaliser ce personnage jovial qui enchaîne les blagues et démarre bille en tête en racontant l’histoire de « son » jardin botanique de la Jaÿsinia alors que l’on vient découvrir la sienne… Dans un grand éclat de rire Christian, fils unique d’agriculteurs du Villard, se vante d’emblée d’avoir « bac – 3 » ! Pourtant, il a su prendre sa revanche le moment venu, bachoter pour préparer des CAP ou des concours, multiplier les formations et les stages quand l’enjeu, à ses yeux, en valait la peine. A commencer par sa carrière exemplaire au Jardin botanique de la Jaÿsinia qui débute en juin I983 sous les meilleurs auspices. Pour ce jeune septimontain issu d’un milieu rural, déjà passionné par les abeilles mais lancé très tôt – sous l’autorité paternelle – dans la mécanique cycles et motos, le départ en retraite de l’employé municipal de la Jaÿsinia Narcisse (le bien nommé) Dechavassine est une belle opportunité.
Contre toute attente, parce ce qu’il mélange encore un peu tous les noms, il est engagé ! Il apprend son métier de jardinier sur le terrain et voue un culte à Marie-Louise Cognac-Jay, enfant du Pays, créatrice avec son mari du grand magasin parisien la Samaritaine pour avoir fait ce superbe cadeau à sa commune. C’est toute sa vie professionnelle, sa passion : « Toute ambition a d’abord été rêvée » se plait à répéter Christian: « Je voulais terminer directeur ici, c’est le cas. Aux Sapeurs-pompiers où j’étais bénévole, j’ai commencé au bas de l’échelle, j’ai fait plein de choses différentes et notamment du secours en montagne héliporté et puis, j’ai fini capitaine ! Et maintenant je fais partie des élus à la Mairie de Samoëns ».
Le parcours de cet autodidacte pugnace n’est pas banal. En 2005, il est nommé au poste de technicien de recherche par le Museum d’Histoire Naturelle. Ces noms botaniques en latin qui lui semblaient barbares et indigestes vingt-sept ans plus tôt, il n’en fait qu’une bouchée. Il part à Genève suivre des cours, se présente au concours national et obtient son diplôme à quarante-sept ans, lui permettant ainsi de prendre la responsabilité du Jardin botanique, son souhait le plus cher.
Christian sait, comme l’écrivain Jules Cleretie, que « Pour comprendre la nature, il faut l’aimer, pour l’aimer, il faut être initié à son langage, à ses voix secrètes. »
Pas une seconde il n’imagine s’ennuyer en retraite. Heureux dans son chalet construit de ses mains face au Criou, absorbée par sa passion de toujours pour l’apiculture et très absorbé sur fond de musique classique par l’élevage de ses reines ou l’extraction du miel de ses soixante-dix ruches du rucher qu’il a créé, veillant sur son verger d’une centaine d’arbres, concoctant toutes sortes d’eaux de vie à boire avec ses copains, partant chasser ou « réguler la faune sauvage » pour reprendre son expression… Christian adore aussi enfourcher son rutilant bolide Honda d’un bleu électrique et filer sur les routes de montagne.
Grand amateur de citations et de textes qui ont un sens par rapport à son parcours, il transpose le poème « Le train de la vie » de Jean d’Ormesson à sa propre vie et la métaphore du train devient, montagne oblige, une boule de neige qui agrège dans son sillage les rencontres qui comptent…
Christian Chauplannaz, figure emblématique de Samoëns, a consacré plus de quarante ans de sa vie au prestigieux Jardin botanique de la Jaÿsinia. Cet amoureux de la nature, passionné par l’apiculture, les arbres fruitiers et la montagne, a débuté sa carrière en 1983, succédant à Narcisse Dechavassine, l’un des jardiniers historiques du site.
Né dans une famille d’agriculteurs du Villard, Christian s’est formé sur le terrain, apprenant les subtilités de la botanique et vouant un profond respect à Marie-Louise Cognac-Jay, bienfaitrice de Samoëns et créatrice de la Jaÿsinia. Grâce à sa détermination, il obtient en 2005 son diplôme de technicien de recherche du Muséum national d’Histoire naturelle, ce qui lui permet de diriger le jardin.
Le Jardin botanique de la Jaÿsinia, situé au cœur de Samoëns, est un véritable écrin naturel, riche de milliers d’espèces végétales alpines et de montagnes du monde entier. Christian Chauplanaz en a été le gardien attentif, assurant sa préservation et son rayonnement.
Aujourd’hui retraité, il poursuit avec passion ses activités : entretien de soixante-dix ruches, culture d’un vaste verger, distillation artisanale, chasse raisonnée et escapades à moto dans les Alpes. Sa vie est guidée par l’amour de la nature et des rencontres humaines, qu’il compare à une boule de neige roulant sur la pente, s’enrichissant au fil du temps.
Visiter Samoëns sans découvrir la Jaÿsinia et sans croiser le sourire communicatif de Christian serait passer à côté d’une part essentielle de l’âme de ce village haut-savoyard.