D’un coup de baguette magique, Michel Veisy réalise des rêves qui semblent irréalisables, surmonte des épreuves qui paraissent insurmontables… et partage avec celles et ceux qui ont une revanche à prendre sur la vie des aventures inouïes. Au-delà des mots et des expériences, son charisme impressionne et fédère.

L’histoire de Michel Veisy, ce personnage au regard profond d’un incroyable bleu glacier, commence au charmant village haut perché de Chantemerle qui surplombe Samoëns. Un endroit magique et protégé qui, aujourd’hui encore, ouvre une parenthèse dans le temps. C’est là, devant la jolie chapelle au clocher à bulbe rénové par ses soins, entre son ancienne école primaire et sa maison familiale du XVIIIème qu’il évoque, avec un calme olympien cette petite enfance heureuse qui l’a marqué pour toujours. Jusqu’à dix ans Michel n’est jamais descendu au Bourg. Il a grandi ici, aux côtés de ses trois frères – avant la naissance d’une petite sœur en 1961 et l’hiver au Vallon dans leur nouvelle demeure plus proche de Samoëns .

À la ferme de Chantemerle on vit en autarcie grâce au jardin potager et aux bêtes. Son papa savait tout faire, le pain comme les sabots de bois avec tige en cuir des garçons. Une vie rude mais joyeuse. Quand plus tard il faut quitter l’école de Chantemerle pour rejoindre celle de Samoëns, il se grise l’hiver en glissant sur sa luge mais la montée se fait toujours « pedibus jambus » comme dit Michel ! Le givre s’agrippe autour des fenêtres de la chambre. Autour de la « bourne », cette grande cheminée aux fonctions multiples, les enfants font leurs devoirs. Ils se blotissent à deux dans un grand lit et l’écurie mitoyenne apporte sa chaleur animale.

Petit garçon deviendra grand mais ses années à Chantemerle parmi les « bochards de la Lanche » (ses habitants) forgent son caractère et émaillent ses expressions d’un patois hérité de sa grand-mère. Dans ce village si cher à son cœur, il est aujourd’hui « le dernier pelé d’origine ». Ses diplômes de moniteur de ski et de guide en poche. Michel s’échappera pourtant nombreuses années de Samoëns pour parcourir les montagnes françaises puis du monde entier. Avec son cousin qui lui a donné le goût du métier, il revient au village pour créer le bureau des Guides de Samoëns en 1973.

Avec quelques clients se nouent des liens durables. Un jour Michel retrouve deux d’entre eux après quelques années de silence. Ces jeunes directeurs de clubs de sport en Mayenne ont été accidentés. L’un est tétraplégique, l’autre paraplégique. L’idée de l’Association Samoëns HandiGlisse est née ainsi, ensemble, au cours de l’hiver de 2006.

Stages de formation, achats de matériel, le charisme de Michel fédère des bénévoles nombreux et les plaisirs de la glisse deviennent accessibles à tous ceux, petits et grands, que la vie n’a pas épargnés.

Grâce à certains clients, il voyage beaucoup. Le Népal est un vrai coup de cœur. Il y rencontre des gens simples, gentils, chaleureux, vivant dans des villages retirés comme lui jadis à Chantemerle. Dans ce Pays où il retourne chaque année, Michel, avec Samoëns HandiGlisse, fait vivre des expériences magnifiques à des participants émerveillés.

S’il a confié la présidence de son Association en 2021 à Aurélie, guide du Patrimoine, une de ses trois filles qui lui ressemble beaucoup et porte les mêmes valeurs, il y reste très actif !

Bientôt octogénaire, Michel part encore au Népal, aide aussi l’Association Play for Népal à Samoëns et s’occupe toujours avec passion de son troupeau de Thônes et Marthod, cette sympathique race savoyarde de moutons à la laine épaisse. Leur refuge hivernal dans la grange agricole de Michel à Chantemerle… les protège du grand méchant loup !

Quel est votre endroit préféré à Samoëns ?
Vous savez je suis un professionnel de la montagne, j’ai fait beaucoup de montagne et je fais découvrir tous les sommets alentour de Samoëns, mais aussi dans le monde entier. Pour moi, c’est une grande satisfaction. Et je pense que la montagne, elle est aussi belle ici, chez nous, qu’ailleurs. Les montagnes, lorsqu’elles sont découvertes avec passion sont appréciées de tout le monde et je n’ai d’endroit pour lequel je peux dire “ici c’est mieux qu’ailleurs”. La montagne, elle est belle partout.
Et la spécialité savoyarde à ne pas manquer ?
Bien sûr, la traditionnelle fondue savoyarde, celle faite de nos propres mains. Parce qu’il y a différentes façons de faire cette fondue, avec différents fromages et on a chacun notre façon de faire. Moi personnellement, j’ai la mienne, qui n’est pas forcément meilleure que celle des autres.
La fondue savoyarde, vous la faîtes comment (si vous voulez bien nous donner votre secret) ?
Aaaah, mon secret. Vous savez, il y en a beaucoup qui mettent 3 ou 4 fromages dedans. Moi j’en mets qu’une sorte. Un vieux fromage, qui a du goût, et la fondue est excellente.

Et peu importe comment elle est préparée, la fondue savoyarde à Samoëns, c’est un moment convivial pour tout le monde.

Si vous deviez qualifier Samoëns en un seul mot, ce serait lequel ?
Et bien Samoëns, tout simplement, comme le logo, avec les deux petits cœurs.

Les coeurs ont disparu un moment, et beaucoup de monde voulait retrouver ces deux petits coeurs sur le “O”, moi le premier. Et je suis heureux qu’ils soient de retour aujourd’hui.

Détenteur du Brevet d’Etat en tant que Guide de Haute-Montagne et Moniteur de Ski, Michel est incontestablement l’un des guides les plus aguerris du Bureau de Sixt-Fer à Cheval, avec une richesse d’expériences à son actif. Lister l’ensemble de ses exploits à travers les Alpes et le monde serait une tâche longue et fastidieuse. Il est une source d’inspiration pour ses pairs grâce à sa générosité, sa patience et son incroyable sens de l’humour. Ces récentes années, Michel consacre la majeure partie de son temps à l’association Handiglisse.

Texte : Marie Christine Hughonot

Photos : Monica Dalmasso